La période ottomane (1517-1918) marque une phase complexe pour la littérature arabe. Si cette ère a vu un certain déclin par rapport aux siècles précédents en termes de production littéraire, elle a également été une période de préservation et d’adaptation. Les écrivains arabes ont su maintenir leur patrimoine littéraire tout en contribuant à l’effort culturel au sein d’un empire multiculturel et multilingue.
Un Contexte de Transition et de Diversité
L’Empire ottoman, qui a dominé une grande partie du monde arabe, était une entité multiculturelle où plusieurs langues, dont l’arabe, le turc et le persan, coexistaient. L’arabe a continué d’être la langue de la religion, des sciences islamiques et de la littérature classique dans les territoires arabes.
Les écrivains de cette période se sont souvent consacrés à la préservation des œuvres classiques et à la transmission des textes religieux et littéraires. Les grandes villes comme Damas, Le Caire et Alep ont joué un rôle clé en tant que centres d’apprentissage et de production littéraire.
Les Genres Littéraires de l'Époque
1. La Poésie Panégyrique et Religieuse :
La poésie est restée un genre dominant durant cette période. Les poètes écrivaient des panégyriques pour les sultans ottomans et les gouverneurs locaux, ainsi que des poèmes religieux célébrant le Prophète Muhammad (Paix et Salut sur lui). Ces poèmes, souvent composés en arabe classique, reprenaient les formes traditionnelles tout en s’adaptant aux exigences de la cour ottomane.
2. Les Maqamat et les Contes :
Les récits en prose, tels que les maqamat, ont continué d’être populaires. Ces œuvres combinaient humour, critique sociale et narration sophistiquée, s’adressant à un public cultivé.
Voici un extrait des Maqamat d’Ibn al-Ashtarkuwi où il mêle satire sociale, humour et observations sur la société :
Les récits en prose, tels que les maqamat, ont continué d’être populaires. Ces œuvres combinaient humour, critique sociale et narration sophistiquée, s’adressant à un public cultivé.
Voici un extrait des Maqamat d’Ibn al-Ashtarkuwi où il mêle satire sociale, humour et observations sur la société :
سَارَ الْبَطَلُ فِي السُّوقِ، يُرَاقِبُ أَحْوَالَ النَّاسِ، فَرَأَى مَنْ يَكْذِبُ فِي الْمِيزَانِِ، وَمَنْ يُزَيِّفُ الذَّهَبَ، فَقَالَ: أَلَيْسَ الْعَدْلُ تَاجًا عَلَى رُؤُوسِنَا؟
"Le héros traversa le marché, observant les affaires des gens. Il vit l’un tricher sur les balances, et un autre falsifier l’or. Il dit alors : La justice n’est-elle pas la couronne sur nos têtes ?"
3. Les Chroniques et les Histoires :
Les chroniques historiques ont connu un essor notable, car elles documentaient les événements locaux dans le contexte plus large de l’Empire ottoman. Des auteurs comme Abdelrahman Al-Jabarti, célèbre chroniqueur égyptien, ont laissé des récits précieux sur les transformations sociales et politiques de cette époque.
4. La Littérature Religieuse :
L’écriture religieuse a prospéré, avec un fort accent sur les commentaires coraniques, les sciences du hadith et la jurisprudence islamique. Ces travaux reflétaient la place centrale de l’arabe dans la vie spirituelle de l’Empire.
L’écriture religieuse a prospéré, avec un fort accent sur les commentaires coraniques, les sciences du hadith et la jurisprudence islamique. Ces travaux reflétaient la place centrale de l’arabe dans la vie spirituelle de l’Empire.
Un Héritage Littéraire Discret mais Durable
Bien que la période ottomane n’ait pas produit autant de chefs-d’œuvre littéraires que les époques précédentes, elle a permis de préserver l’héritage arabe classique. Les centres d’apprentissage comme Al-Azhar au Caire ou les madrasas de Damas ont assuré la transmission des textes littéraires et religieux aux générations suivantes.
Cette période a également préparé le terrain pour la renaissance littéraire (Nahda) qui allait émerger au XIXᵉ siècle, lorsque les écrivains arabes ont redécouvert et réinterprété leur patrimoine littéraire à la lumière des défis modernes.